*Portrait de Jean Le Rond d'Alembert peint en 1753 par Quentin De La Tour
L’histoire finit toujours par s’écrire d’elle-même
Il est fascinant de constater à quel point le Maroc d’aujourd’hui présente des analogies frappantes avec la France des décennies 1770-1780 : Espoirs déçus sous Louis XV, réformes politiques en trompe-l’œil, mainmise d’une aristocratie qui ne tolérait de changement que dans le cadre figé de l’ordre établi, ruineuse rivalité avec un puissant état voisin (l’Angleterre), éloignement d’une brillante élite de la gestion des affaires de l’état au profil d’une horde de courtisans serviles, stupides et incompétents et, pour finir, grogne sociale et troubles à caractère politique.
Pourtant, le rapprochement s’arrête là, car la France des Lumières n’est pas le Maroc rétrograde de la monarchie absolue de nos jours. De même que la taiseuse et stérile élite intellectuelle du royaume est à mille années lumières de retard par rapport à l'Intelligentsia de la France prérévolutionnaire. Il est vrai que l’avènement de Louis XVI en 1774 avait suscité beaucoup d’espoirs et l’on se mettait à rêvasser sur des lendemains prometteurs - même si la prudence de la bourgeoisie montante aux aguets était de mise.
Ce qui fit dire à d’Alembert cette phrase prophétique, qui devait sonner dans les oreilles du roi Louis XVI comme un ultime rappel à la raison : «Si le bien ne se fait pas maintenant, c’est que le bien est impossible». Pour le reste, l’histoire s’écrit presque toujours de la même façon, c'est-à-dire d’elle-même et à l’encre rouge-sang des dynamiques imprévisibles déclenchées par des forces sociales anonymes, sur lesquels les états défaillants ne peuvent exercer aucun contrôle.
Karim R'Bati : Niederrickenbach, le 27 juillet 2012
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