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Le blog Citoyen

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POST TENEBRAS LUX


Le «Django» de Quentin Tarantino : un appel irrésistible à la liberté

Publié par Karim R'Bati sur 23 Janvier 2013, 15:55pm

Catégories : #CULTURE

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Le dernier film de Quentin Tarantino, Django Unchained, est un de ces objets cinématographiques qui ne laissent pas indifférent. Pour les Âmes sensibles, accoutumées aux historiettes où l’on célèbre les bons sentiments à la guimauve, ce film risque d’être insoutenable, par la violence de certaines scènes. En revanche, pour les cinéphiles aguerris qui savent mettre du recule ou qui sont un tant soit peu familiers d’expériences aussi limites que Natural Born Killers (Oliver Stone) ou Apocalyptico (Mel Gibson), Django mérite d’être découvert ; car au-delà de la violence, donnée inhérente au genre western et à notre monde surtout, il y a tout le reste, c’est-à-dire, tous les autres ingrédients qui font de ce film un de ceux qui compteront dans les filmographies du genre. Cela dit, il n’est pas exagéré de considérer cet opus comme le plus beau de Tarantino depuis Pulp fiction - avec ce quelque chose d’indéfinissable, en plus, qui en fait un objet esthétique résolument protéiforme.

Sorti depuis quelques temps dans les salles, Django Unchained est assurément une œuvre baroque, débordante d’énergie, foisonnante de références intertextuelles hétéroclites : allant de la mythologie grecque à l’univers des vieilles légendes germaniques, du Western Spaghetti à Alexandre Nevsky de S.M. Eisenstein (voir et revoir la scène de la chevauchée du Ku Klux Klan) et de l’enfer de l’esclavage aux affres de la colonisation. Mais cette œuvre est surtout un objet troublant par son impureté : une œuvre à mi-chemin entre le film de pure divertissement de série B et le grand cinéma d’auteur, c’est-à-dire cette catégorie d’œuvres autoréflexives porteuses d’une transcendante dimension esthétique. D’un côté, il s’auto-désigne en tant que Remake d’un vieux Western Spaghetti de  Sergio Corbucci, Django, considéré, à sa sortie en 1966, comme l’un des plus violents du genre.  D’un autre côté, le Django de Tarantino est plus qu’un film de genre, plus qu’un divertissement cinématographique. S’il étonne et trouble, c’est qu’il a l’étoffe de ce grand cinéma qu’on aime : celui où l’on visite un  certain passé de l’Amérique, en l’occurrence les horreurs de la traite négrière, avec ce regard autocritique et sans concession, que seuls savent déployer les grands maîtres du cinéma américain.

En somme, une vraie leçon d’écriture cinématographique de l’histoire, qui tranche radicalement avec celles pratiquées sur le vieux continent, notamment chez certaines nations, au lourd passé colonial, où règne cette manie de ne visiter l’histoire que pour en justifier les horreurs ou, souvent, à des  fins d’autocongratulation. Enfin, ultime strate de sens, Django peut aussi être perçu comme véhiculant une insoupçonnable dimension politique, dont la réception échappe aux intentions des auteurs du scénario. Et pour cause, celle-ci s’adresse, plutôt, aux publics du sud et, notamment, à ceux engagés dans des processus de luttes inégales contre leurs potentats locaux. Ainsi, de ces derniers, peut-on voir une parfaite incarnation dans le personnage du sadique esclavagiste Calvin Candie, campé par Léonardo De Caprio. Mieux encore, c’est toute la trame narrative qui se dévoile, peu à peu, tel un appel irrésistible à la liberté.

Karim R’Bati : Berne, le 23 janvier 2013

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