Considérations générales sur l’identité amazighe

Depuis plus d'une quinzaine d'année, les Salafistes-Wahhabites se sont illustrés dans le monde entier et dans les livres d’histoire par une image peu flatteuse pour eux-même et pour toute une religion qu'ils prétendent incarner : le 11 septembre, le financement des groupuscules terroristes, les fatwas saugrenues, l’esclavagisme, la pédophilie, la lapidation des femmes, les exécutions barbares sur les places publiques, ainsi que d’autres graves atteintes aux droits humains. Mais depuis longtemps déjà, n'ont-ils pas engagé et engagent toujours une lutte acharnée, une course despérée contre la montre, en vue de niveler le monde (dit) arabe par le bas, dans le but d'imposer le règne de la terreur et de la soumission. Or, à défaut d'un projet de civilisation, d'une culture de son temps, ouverte sur le monde, qui puisse séduire les élites intellectuelles, les Wahhabites auront gaspillé des milliards et des milliards de pétrodollars dans le seul but d'entretenir une véritable industrie de la violence et de la haine à grande échelle.

Pendant ce temps-là, l'identité Amazighe n'a pas cessé de s'affirmer en véritable résistence pacifique contre le fanatisme religieux, par la défense des valeurs de la démocratie laïque, mais aussi par l'art, la poésie et la musique où l’on chante l’amour de la vie et de la liberté, l'attachement à la terre nourricière, le respect de la nature, la tolérance et l'ouverture à l’Autre, etc. Quant on aime ces valeurs, à fortiori quant on les porte en soi, on est naturellement du même bord que celui qu’incarne, aujourd’hui, la conscience moderne de l’identité amazighe. En effet, tout citoyen du monde, tout démocrate, tout amoureux de la liberté et de la dignité humaine, tout écologiste dans l’âme - à défaut d’être Amazigh - ne peut être que porteur, consciemment ou inconsciemment, des mêmes idéaux qui constituent le socle même de ce que l'on pourrait appeler "l'amazigh-attitude". 

Et c’est dans cette mesure que l’on peut se revendiquer de l’esprit ancestral des Imazighens ( peuple de femmes et d'hommes libres ). Pour cela, nul besoin d’être un Amazigh de souche, il suffit d’être conscient de son humanité, de sa liberté et de son attachement à la terre nourricière . C’est que les Amazighs, depuis les temps immémoriaux, lorsqu’ils avaient voulu se donner un nom qui les distinguât parmi d'autres peuples, ils n’avaient pas choisi le nom d’une tribu, ils ne s’étaient revendiqués d’aucune race, d’aucune ethnie, d’aucun ancêtre hypothétique, d'aucun Marabout; ils s’étaient juste définis tels qu’ils étaient, sur la base des trois grands fondements de leur identité : leur liberté, leur attachement à leur terre et leur l’humanité ; d’où  leur nom, les Imazighens (hommes libres), l’un des plus beau noms de peuples que la terre ait jamais connu.

Avons-nous réalisé ce moment inouï dans l’histoire de l’humanité ? Ces mêmes valeurs laïques qui allaient former beaucoup plus tard le socle de l’esprit universel des droits de l’homme, étaient déjà celles des nos ancêtres berbères, plusieurs centaines de siècles auparavant. Depuis lors, ni les invasions successives des Phéniciens, Romains, Byzantins, Vandales ou des Arabes, ni la lente conversion des Imazighens à l’Islam, ni leur contribution décisive à la civilisation islamique,  n’avaient réussi à effacer l’essence de leur identité : leur humanité, leur langue, leur symbolisme artistique, leur culture et leur amour de la liberté.

Karim R'Bati

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